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09/02/2014

Canada Fly

Dans une autre vie, j'ai passé beaucoup de temps sur un forum de fans de U2, U2 Achtung (c'est d'ailleurs là que j'ai fait la connaissance de mon ami écrivain Laurent Cachard) où l'on parlait de tout sauf de U2.

Un dimanche matin du mois de mai 2007, levée tôt comme tous les dimanches matins, en me connectant sur le forum, j'eus la surprise de lire un message pour le moins surprenant. Une personne nommée Virginie proposait de prêter sa maison à Montréal pour une durée de 3 semaines au mois d'août, sans aucune contrepartie, à la première personne qui lui écrirait. Ce n'était pas un échange, ce n'était pas une location, elle prêtait sa maison de 300 avec piscine dans la banlieue chic de Montréal pendant qu'elle et sa famille se rendaient en Bretagne d'où elle était originaire.

Évidemment, j'eus beaucoup de mal à prendre cette offre au sérieux, mais dans le doute, j'envoyai quand même un message à Virginie pour lui dire que j'étais fortement intéressée.

La journée s'écoula sans que je ne pense plus à cet étrange message mais le soir je me connectai sur le forum pour voir si, par le plus grand des hasards, je n'aurais pas reçu une réponse.

En effet, Virginie m'avait répondu ! Je n'avais pas été la première à lui écrire mais la seconde, le premier étant un certain Laurent Cachard (qui pour la première fois s'était levé avant moi un dimanche matin !) , l'unique personne avec qui j'avais déjà échangé sur ce forum, c'est donc lui qui pourrait disposer de sa maison.

Un peu jalouse et très déçue, je retournais à mes occupations après avoir félicité Laurent.

Quelques jours plus tard, Virginie me demandait dans un nouveau message si j'étais toujours intéressée car Laurent ne pouvait se rendre au Québec aux dates qu'elle proposait. Je l'étais bien évidemment, il me restait juste à en parler à mon mari et à ma progéniture qui n'étaient pas encore au courant.

Ces derniers se montrèrent un peu sceptiques, (on le serait à moins) mais décidèrent de me faire confiance et je commençais à m'occuper des modalités du voyage.

Au fil des mois, Virginie et moi nous téléphonèrent régulièrement, échangeâmes plusieurs photos (tout semblait normal) et le moment du départ arriva. Nous étions heureux d'entreprendre ce beau voyage.

Mais jusqu'au moment de notre arrivée à Montréal, nous ne pûmes nous empêcher de penser qu'un bucheron canadien, barbu, vêtu d'une chemise à carreaux et armé d'une hache, serait là pour nous accueillir.

  Pit_Ca1.jpg

 

08/02/2014

A un vieux chat

Je suis d’un village, d’une île, où on ne s’émeut pas de la mort d’un chat. Surtout par les temps qui courent. Mais comme là, il s’agit de mon chat, naturellement, je m’émeus.

 

 Il s’appelait Bambi (un nom tout pourri), c’était un chat gris (tigré). C’était un vrai beau chat, sans pédigrée, libre, digne. Jusqu’à il y a peu, il battait encore la campagne à la recherche de rongeurs ou autre pitance dont il se délectait. Il défendait son petit territoire contre toute intrusion. Des chiens autrement plus gros que lui s’y sont cassé les dents. Il maniait fort bien la griffe.

 En semaine, il était seul, je ne le voyais que le weekend ou pendant les vacances. Je le retrouvais toujours avec plaisir.

 

 Il était du siècle dernier, celui où j’étais encore étudiante, pas encore maman, dans une autre vie. Avant d’avoir des enfants, je m’attachais inconsidérément à mes chats. A celui-là, entre autres. Je l’ai vu naître.

 

 Il est des chats comme des humains, certains sont plus attachants que d’autres, plus rares à nos yeux. Bambi était des ces chats-là. Ne se laissant approcher par personne, hormis une ou deux exceptions. Il était Libre.

 

 Ce chat, qui a vécu pendant 17 ans et demi une fort belle vie de chat, méritait bien que je lui rende un petit hommage. C’est chose faite.

 

 3441_4774635364319_1172332785_n.jpgSalut mon vieux matou. Je t’aimais bien.

07/02/2014

Neptudi

Un dimanche soir, alors que mon fils était absorbé par le canal football club, son incontournable rendez-vous dominical qui me laisse perplexe (lorsque lui voit des résumés et analyses de matchs de foot, moi je ne vois que la couleur ratée de Daniel Bravo), et dont le générique provoque systématiquement chez moi la traditionnelle angoisse du dimanche soir, je songeais au lendemain, lundi. 

Ce lundi qui revient si vite et si souvent et qui participe à cette affreuse routine que nous subissons en victimes.

Et si nous nous montrions créatifs ? Et s'il n'y avait plus de lundi ? Non pas parce que nous aurions enfin réussi à faire imploser notre planète (pourtant nous faisons de gros efforts) , mais parce qu'après dimanche, il n'y aurait plus lundi, mais neptudi. Puis après neptudi, urandi. Puis, plutondi, oriondi, vegadi, perséedi, andromèdi, cassiopédi, pégasedi... Et ainsi de suite, des noms seraient inventés à l'infini.

 De ce fait, on n'aurait plus besoin de mois, ni de date. "Neptudi 10 février" n'aurait plus aucun sens puisqu'il n'y aurait qu'un seul neptudi, il ne serait donc pas nécessaire de le situer dans un mois donné grâce à un nombre. Il serait unique. "On se voit neptudi ?" "Il se marie quand déjà ?" "Neptudi."

Un comité d'experts, renouvelé régulièrement, et composé de personnes créatives telles que des écrivains, des poètes, des musiciens, des peintres, des dessinateurs de bande-dessinée, des cinéastes et de quelques rares professeurs de l'éducation nationale, serait chargé d'inventer les noms des jours.

Ainsi, plus jamais d'angoissants dimanches soirs, veilles de sombres lundis.

Et pour la première fois, vraiment, on ne saurait plus de quoi demain sera fait.

 

 

06/02/2014

La journée de Frédérique E. (suite et fin)

13h30: En pleine digestion et après un texto pour donner du courage à Marie X., Frédérique E. attaque une séance de mathématiques. Et pendant que ses élèves butent sur un problème épineux qui parle d'un robinet et d'une baignoire qui fuit tout en tentant désespérément de se remplir (on n'a rien fait de mieux, Frédérique E. est de la vieille école), elle pique du nez sur un coloriage destiné à tuer le temps, car comme chacun le sait, une heure de classe compte triple. La journée est décidément longue. Un texto de Marie X. disant "Plus qu'une heure !" la tire de son sommeil.

16h30: Dans la circulation qui la ramène chez elle, Frédérique E. écoute Les Grosses Têtes sur RTL, il faut bien se détendre un peu, et s'esclaffe en entendant une blague d'Eric Laugérias, son humoriste préféré. Elle appelle aussitôt Marie X. pour la lui raconter.

  18h: Les 8 km la séparant de son domicile enfin parcourus, Frédérique E. songe à tout ce qui l'attend: les devoirs de son lycéen et de sa collégienne, le bain du tout petit, le repas à préparer et à cette perspective décide de se vautrer sur son canapé devant Une famille en or ( une émission aussi enrichissante intellectuellement que Les Grosses Têtes ). Bercée par la douce voix de Pierre-Vincent Dechavane, elle s'endort aussitôt.

19h: Réveillée par un texto de Marie X. Frédérique E. décide de se connecter sur facebook pour voir s'il n'y aurait pas des idées ou des citations de Laurent Cachard qu'elle pourrait exploiter afin d’étayer son blog créé il y a peu. 

20h30: Les enfants ont faim. Heureusement, le mari de Frédérique E., un homme formidable s'est occupé de tout.     

21h: Harassée de fatigue, elle se jette sous la couette avec un bon Gaston Lagaffe, il faut bien se détendre un peu. A un moment, elle se demande ce qu'elle va bien pouvoir faire demain en classe. Bah, il suffira de tourner la page.

21h12: Texto de Marie X. qui lui dit qu'elle n'a pas envie d'y aller demain, Frédérique E. répond qu'elle non plus.

21h13: Extinction des feux. Décidément, la journée a été longue. Heureusement, on est mardi soir et la semaine touche à sa fin.

N.B: Frédérique E. travaille seulement le lundi et le mardi.

 

Cette narration est une pure fiction. Toute ressemblance avec des personnes existant ou ayant existé, des événements ayant eu lieu, n’est que pure coïncidence.

17:22 Publié dans Humour | Lien permanent | Commentaires (2)

05/02/2014

Looking for Richard L.

Il y a quelques années, Stéphanie et son ami d'enfance Joseph, avaient décidé de réunir leurs camarades de l'école primaire afin d'organiser un dîner de retrouvailles. Le site internet "Copains d'avant" était alors en vogue. Ils savaient plus ou moins ce que tous étaient devenus, puisque la plupart vivaient encore en Corse. Tous sauf un: Richard L. A l'école primaire, toutes les filles en étaient folles, et tous les garçons, jaloux. Grand pour son âge, athlétique, sportif, bon élève, châtain aux yeux verts, sourire enjôleur, Richard L. était envié de tous. Stéphanie en était amoureuse, Joseph, jaloux. Ils étaient tous deux, bien meilleurs élèves que Richard, et se disputaient continuellement la première place. Stéphanie était meilleure en français, Joseph, en mathématiques. Au CM2, Stéphanie fut même, pendant quelques mois, la fiancée attitrée du beau Richard. Lors d'une journée pluvieuse, une amie demanda au jeune garçon: "Tu l'aimes Stéphanie ?" Ce à quoi Richard répondit par un hochement de tête affirmatif, tout en adressant à la fillette un de ses plus charmants sourires. Ce fut le deuxième plus beau jour des dix premières années de la vie de Stéphanie. (Le premier étant celui où le père Noël lui avait apporté le vélo bleu qu'elle espérait tant.)

Le temps passa. Les enfants entrèrent en classe de 6ème. Adieu douce quiétude de l'école primaire ! Richard L. quitta Stéphanie dès le 1er mois pour une blonde à forte poitrine de 5ème qui avait déjà tout compris aux garçons. Et elle cessa d'être la 1ère de la classe (la faute aux maths). Elle soupira durant quatre ans, mais sa poitrine demeura désespérément plate. Puis à 16 ans, elle quitta la ville de son enfance, pour celle où son père avait été muté pour son travail. Elle perdit Richard de vue.

A l'heure d'internet, Stéphanie et Joseph, bien décidés à retrouver Richard, entreprirent des recherches assidues. Etait-il devenu comme leur suggérait un moteur de recherche, cordelier à Morteville ? Podologue à Moriani ? Handballeur professionnel ? Les Richard L. étaient nombreux, et plus personne autour d'eux, n'avait entendu parler de lui.

L'été des retrouvailles arriva. Joseph et Stéphanie avaient renoncé, à le chercher quand une de leur connaissance leur indiqua que le père de Richard buvait tous les matins son café dans un établissement de la ville de leur enfance. A l'heure indiquée, emplis d'espoir, Ils allèrent à sa rencontre. Ils n'eurent aucun mal à le reconnaître. Un séduisant sexagénaire, un Richard plus vieux, en somme, lisait son journal en sirotant son petit noir. Il les accueillit de façon amicale. " Richard ? Oui, oui, il va très bien ! Il y a 20 ans que vous ne l'avez pas vu ?! Ah, il est chauve comme moi maintenant. " "Il y a une justice." grommela Joseph. "Il travaille à Londres depuis quelques années, il est directeur adjoint d’Orange Business, et vient de négocier son départ pour 300 000 £ afin d'intégrer une grande entreprise aux États Unis. Et vous ? Que faites-vous les enfants ?" "Instit" répondit Stéphanie d'une minuscule voix. "Prof de maths" murmura Joseph, ne quittant pas des yeux le bout de ses chaussures. "Ah ? C'est bien. C'est très bien." Un ange passa. "Pour en revenir à Richard, poursuivit son père non sans fierté, si vous voulez le voir, il arrive justement de Londres ce soir et assistera demain après-midi au vernissage de l'exposition de mon épouse au couvent de Sisco." Après l'avoir remercié tout en promettant d'être là, ils prirent congé.

Le lendemain après-midi, Joseph et Stéphanie passèrent une excellente après-midi à la plage.

13:47 Publié dans Nouvelle | Lien permanent | Commentaires (0)