12/09/2015
"Confidanse"
J'aurais voulu être danseuse classique. Au lieu de cela, je fus gymnaste.
Lorsque j'eus 6 ans, ma mère m'inscrivit dans un cours de danse classique, où d'autres camarades de mon âge évoluaient déjà. Mais à cet âge, petite et menue, je paraissais plus jeune, le professeur de danse, une femme totalement dépourvue de psychologie, décida donc de me mettre dans le groupe des fillettes de 4 ans. Alors que mes amies apprenaient les pas chassés, je faisais la ronde. Au bout de quelques mois, dépitée, je quittai le cours.
Le mois de juin venu, j'assistai avec envie au premier ballet de mes camarades, bavant sur leur tutu froufroutant.
A la rentrée suivante, je priai ma mère de m'inscrire de nouveau dans un cours de danse classique. J'avais un peu grandi et étais pleine d'espoir. Nous choisîmes la même école, la plus proche de mon domicile, espérant que le professeur ne m'infligerait pas deux fois de suite la même vexation. Nous nous trompâmes lourdement. L'imbécile m'expédia, dès le premier jour, dans le groupe des toutes petites. Ce fut la fin de ma carrière de danseuse.
Peu de temps après, je devenais gymnaste au club Espoir Bastia et enfilais un justaucorps hideux, que je n'allais pas quitter pendant de nombreuses années.
Je me débrouillais bien aux agrès. Petite et souple, j'eus toujours de bons résultats en compétition, la discipline ne me déplaisait pas. Mais chaque mois de juin, lorsque mes amies enchainaient les répétitions pour leur gala de fin d'année et faisaient les essayages de leur beau costume, je pleurais de rage et de frustration de ne pas être à leur place.
J'étais une petite fille légère, gracieuse, j'aurais aimé qu'on me laisse ma chance.
Depuis, je nourris pour la danse, classique en particulier, une passion qui ne m'a jamais quittée, et j'ai pleuré quand ma fille a chaussé ses pointes pour la première fois.
18:31 Publié dans Souvenirs d'enfance | Lien permanent | Commentaires (0)
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