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24/05/2014

Ils arrivent !

En Corse, la fin de la quiétude est proche. Avec l'arrivée des beaux jours, les premiers cars de touristes ont fait leur apparition sur les routes sinueuses de notre belle île, aggravant une circulation déjà difficile.

Les premiers arrivés ont pour la plupart des cheveux blancs. Partout, on peut admirer cette faune exotique, mèches clairsemées au vent, levant un nez déjà rougi vers la statue de notre empereur. Toujours en groupe, ils ne sont que l'avant-garde de ceux qui leur succéderont d'ici peu: les familles avec des enfants.

Ce qui caractérise le touriste du 3ème âge, celui appartenant au sexe masculin plus précisément, hormis son inimitable façon de porter le marcel, ce sont ses ennuis de prostate. Les arrêts du car le transportant sont donc fréquents. Gare aux freinages d'urgence! Mais pour ce visiteur émerveillé par la splendeur environnante, même dans cette situation, le dépaysement est total, car pour une fois, il n'urinera pas sur une aire d'autoroute. Et qu'y a-t-il de plus beau que de pouvoir soulager sa vessie face à un coucher de soleil sur les Calanques de Piana ? Enfin, encore faut-il avoir été opéré de la cataracte pour jouir pleinement du paysage.

Je pourrais décrire avec force détails leur allure, leur accoutrement, leur accent, leurs manières, mais il est tellement facile de sombrer dans la caricature. Et puis nous aussi, dans un futur plus ou moins proche, nous pourrions nous retrouver dans un car climatisé sur les routes de France, de Navarre ou de Silésie orientale, et le jour où nous serons obligés de satisfaire un besoin pressant sur les bords de la Vistule, on fera moins les malins.

En attendant de jouer les touristes à notre tour, celui du 3ème âge supportant mal le soleil de Corse, il est encore temps de profiter de nos plages et de nos rivières en toute tranquillité car d'ici peu, il sera trop tard.

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14/05/2014

Equinoxe 0 %

Pauvres de nous ! Plus qu'un mois à profiter du printemps, saison délicieuse mais ô combien restrictive, ensuite ce sera le moment d'enfiler notre maillot de bain

C'est bien joli le printemps. On s'émerveille, la nature se réveille, le soleil réchauffe nos carcasses endolories, mais est-on bien conscient de tout ce que cela implique ?
En Corse, terre bénie des Dieux, la douceur du climat pousse les habitants à se dévêtir durant la saison chaude. A Dunkerque, un col roulé, en Corse, un maillot de bain.
Cela suppose un certain nombre d'obligations: un corps mince, un corps musclé, un corps bronzé. Il n'est pas envisageable d'arriver à la plage avec un corps gras, flasque et blanc. C'est réservé aux touristes.

 Si comme moi, durant l'hiver, vous avez pris de copieuses collations essentiellement composées de canistrelli,  l'angoisse doit être en train de vous étreindre.

A l'issue de la morte saison, impossible de rentrer dans le joli petit jean tout léger qui nous allait si bien. Plus possible de faire un pas sans tomber sur un magazine proposant de nouveaux régimes permettant de perdre 5-kgs-en-une-semaine-en-mangeant-tout-ce-que-je-veux à part peut-être Philosophie magazine.

 "Fi des régimes ! L'essentiel est d'être bien dans sa peau." s'insurgera-t-on. Cet adage ne peut prendre tout son sens que si l'on habite loin d'une station balnéaire, dans le cas contraire, il est caduque.

Le printemps, dans certaines régions, est avant tout synonyme de cruelles privations et d'inscriptions à la piscine.
Ici, les clubs de gym ne désemplissent pas, le Dr Dukan a triplé son chiffre d'affaire et il faut réserver des mois à l'avance pour faire une séance d'UV.

Les corps parfaits des gens dans ma tranche d'âge, (le tout début de la quarantaine) me laissent toujours dubitative. Quand on sait les efforts et surtout le temps que cela demande, on peut s'interroger sur la capacité de ces personnes, absolument tournées vers leur plastique, à ouvrir un livre. Peut-on lire Kant durant une séance d'abdo-fessiers ?

Ils pourront se rattraper à la plage ! m'objectera-t-on. Certes, mais alanguis sur leur serviette, ces gens-là ont plutôt tendance à lire Voici, Closer ou Marc Levy.

Oh les vils clichés ! N'existe-t-il donc pas des personnes soucieuses de leur alimentation, sportives par goût et non par nécessité, aimant cultiver leur esprit, qui exhibent un peu malgré elles, leur silhouette flatteuse le moment venu ? Oui ! Mais comme je les jalouse, je ne veux pas en parler.

D'ailleurs, une pomme et je file. J'ai piscine.

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25/04/2014

Lopigna, paese affiziunatu

Certains corses sont originaires de Pigna, Corbara, Erbalunga, Patrimonio, Piana ou Monacia d'Aullène. Moi, mon village, c'est LOPIGNA. Qu'est-ce qui aurait pu être pire ? Peut-être avoir ses racines à Oradour sur Glane.

Pour les pinzuti qui ne connaissent pas la Corse, et pour tous les corses qui ne connaissent pas Lopigna (et ils sont nombreux), c'est un petit village de Corse du Sud situé dans la vallée du Cruzzini-Cinarca à environ 45 km d'Ajaccio. L'hiver, une centaine d'habitants ("des vieillards sans âge qui regardent passer la vie"), l'été le double. Quand on demande à un lopignais de quel village il est et qu'il donne la réponse, celle-ci est en principe suivi d'un silence. Puis d'un "D'où ? " Puis d'un "C'est où ça ?"

Si l'on recherche la tranquillité, Lopigna est l'endroit idéal. Si en plus, on habite à la sortie du village, on peut passer des semaines sans croiser âme qui vive. "Oh, tu viens d'arriver au village ? "Non, ça fait 3 semaines que je suis là."

A Lopigna, en hiver deux loisirs: la sieste et la battue aux sangliers.

Cette dernière et délicate occupation vaut à Lopigna, un village qui n'a pourtant pas besoin de ça pour révéler tout son potentiel esthétique (ou "inthestique" comme le disent certains érudits lopignais), d'être agrémenté par de très belles peaux de sangliers qui ornent les moindres murets ou clôtures. Le moment du dépeçage de la bête est l'occasion de perpétuer cette belle tradition qui est le crachat sur la vésicule. On ne sait pas trop pourquoi, mais on se doit de cracher sur la vésicule encore fumante du sanglier. Si vous posez la question à un chasseur lopignais, comme l'a fait ce journaliste de la chaine Seasons qui avait choisi Lopigna comme lieu de tournage (il s'était perdu ?), il vous répondra: "C'est comme ça."

Qui dit battue, dit chiens. A Lopigna (comme partout en Corse), les chiens sont sacrés, on n'y touche pas. Le vrai chasseur vous dira "çui-là qui touche au chien, y touche à moi." Qu'on se le tienne pour dit.

L'été, c'est le temps de la sieste et la baignade. Au village, quand on ne chasse pas, on se baigne et on refait le monde au bord de l'eau. Lopigna jouit de superbes coins de rivière figurant même dans le guide du routard. Et ça c'est embêtant. Parce que s'il y a bien une chose que le Lopignais déteste par dessus tout, c'est qu'on vienne troubler sa tranquillité. C'est vrai, quoi. Si le lopignais aimait la foule, il serait originaire de Lumio.

Si un corse dit à un lopignais que son village est beau, c'est qu'il est de Ponte-Leccia ou de Casamozza.

Que dire de plus sur ce village à part qu'on y fait une délicieuse charcuterie (celle de Gérard Taddei et Stéphane Leca), un délicieux fromage de chèvre au parfum vigoureux (celui de Jeannot Pieri) et que les merles moqueurs y sont succulents.

Mais Lopigna, c'est plus que tout cela. "C'est un de ces endroits privilégiés de Corse qui ont un caractère, une forte personnalité, que ni le temps ni les hommes n'arrivent à entamer."

C'est un des plus beaux villages du monde.

Mais pourquoi avoir ajouté cela, me demanderez-vous. Parce que les lopignais, "que l'on décrit comme individualistes — alliant l'exubérance à la maîtrise de soi — nonchalants, hospitaliers, loyaux, fidèles en amitié, attachés à leur village natal, éloquents et courageux, sont, eux aussi, plus que tout cela.

 Ils sont susceptibles…"

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21/04/2014

"Ommmmmmmm" ou comment tromper l'ennui.

 XXe siècle. 1996. Premier poste d'instit en Balagne, Haute-Corse. J'habite avec ma copine de promo Fabienne T, elle aussi nommée dans le "Nord". 

On débarque un peu, on s'ennuie, en attendant que des tonnes de boulot nous tombent dessus (j'ai une classe unique avec 7 niveaux). On n'a pas encore internet, pas de téléphone portable, mais un téléphone fixe avec un répondeur intégré. Un répondeur ! Voilà qui offre de nombreuses possibilités d'amusement quand on a moins de 25 ans, un humour un peu potache et pas mal d'imagination.

On s'amuse à enregistrer des messages un peu "concons" sur le répondeur, puis on efface, on recommence, etc.

A un moment, une de nous deux à une idée plus drôle que les autres.

"Je sais, toi, tu fais "OMMMMM, OMMMMMMM", en continu, et moi je dis avec une voix hallucinée: "en pleine séance de méditation transcendantale, nous ne pouvons vous répondre, si vous nous laissez un message nous vous rappellerons dès que possible."

Aussitôt dit, aussitôt fait, le message est enregistré (après plusieurs tentatives infructueuses liées aux fous rires intempestifs qui nous coupent le souffle et la parole).

Puis on attend que le téléphone sonne afin de pouvoir mesurer notre potentiel comique sur un interlocuteur. Évidemment, il ne sonne pas.  Il ne sonne pas, on oublie notre message et on fait un scrabble.

Le téléphone sonne enfin.

"- OMMMMM, OMMMMMMMM, en pleine séance de méditation transcendantale...."

- Inspection de l'éducation nationale, l'inspecteur à l'appareil."

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13:09 Publié dans Humour | Lien permanent | Commentaires (0)

16/04/2014

Qu'est-ce que vous faites dans la vie ?

A chaque fois que j'entre dans un bureau de poste, un commerce, une banque, un hôpital, une pépinière, je me demande si le métier des gens qui travaillent dans ces endroits ne serait pas plus enviable que le mien. Donc je me renseigne.

Ce matin, en récupérant ma voiture dans un garage, j'ai cherché à savoir si vendre des voitures chez Citroën ne serait pas intéressant. A vue de nez, comme ça, en passant, ça n'avait pas l'air trop fatigant. (Oui, parce que la première condition, c'est que ce soit moins fatigant que ce que je fais, sinon, ça ne présente pas vraiment d'intérêt.) Mais vendre des voitures, faire du chiffre, tout cela me semble terriblement vain.

Récemment, lors d'un rendez-vous avec mon conseiller financier, je l'ai interrogé sur son travail, sa journée, ses motivations, ses motifs de satisfaction. Et en l'écoutant, j'ai fini par conclure, que ça non plus, ça ne me plairait pas.

En réalité, très peu de professions me font envie. Et c'est bien là que le bât blesse. Lorsque j'ai rencontré, au début de l'année, mon conseiller mobilité carrière afin de voir ce que je pourrais faire en dehors d'instit, ou plus précisément professeur des écoles, force a été de constater que la réponse à cette question était: RIEN. Il n'y a quasiment pas de passerelles pour un enseignant, à part devenir conseiller pédagogique (bêrk) ou inspecteur (horreur). Et à la question: "Qu'est-ce que vous voudriez faire vraiment ?", j'ai hésité à répondre franchement. Est-ce que ça aurait servi à quelque-chose si j'avais répondu que j'adorerais être libraire, travailler dans une bibliothèque, dans une pépinière, une librairie-pépinière, à la radio, pour un journal, être scénariste de bande-dessinée ? Alors j'ai dit que je serais intéressée par un poste de documentaliste dans le second degré. Mais même ça, il ne faut pas y compter. "C'est réservé aux professeurs du second degré qui font une dépression" m'a-t-on signifié. Bon.

Comme il me reste environ 22 ans à passer dans l'éducation nationale, je vais tenter de positiver. Après tout, enseignant, quel beau métier. D'ailleurs ce n'est pas un métier, c'est une vocation. Transmettre le savoir aux plus jeunes, caresser l'espoir que grâce à notre action, ils ne deviennent pas de sombres crétins homophobes, racistes et fans de Pascal Obispo. Leur donner le goût de lire, le désir de s'instruire, de grandir. Et puis les vacances, toutes ces vacances !!!

Demain matin, j'ai rendez-vous chez ma pédicure, je vais lui demander si c'est gratifiant de gratter les oignons.

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18:05 Publié dans Humeur, Humour | Lien permanent | Commentaires (3)