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25/04/2014

Lopigna, paese affiziunatu

Certains corses sont originaires de Pigna, Corbara, Erbalunga, Patrimonio, Piana ou Monacia d'Aullène. Moi, mon village, c'est LOPIGNA. Qu'est-ce qui aurait pu être pire ? Peut-être avoir ses racines à Oradour sur Glane.

Pour les pinzuti qui ne connaissent pas la Corse, et pour tous les corses qui ne connaissent pas Lopigna (et ils sont nombreux), c'est un petit village de Corse du Sud situé dans la vallée du Cruzzini-Cinarca à environ 45 km d'Ajaccio. L'hiver, une centaine d'habitants ("des vieillards sans âge qui regardent passer la vie"), l'été le double. Quand on demande à un lopignais de quel village il est et qu'il donne la réponse, celle-ci est en principe suivi d'un silence. Puis d'un "D'où ? " Puis d'un "C'est où ça ?"

Si l'on recherche la tranquillité, Lopigna est l'endroit idéal. Si en plus, on habite à la sortie du village, on peut passer des semaines sans croiser âme qui vive. "Oh, tu viens d'arriver au village ? "Non, ça fait 3 semaines que je suis là."

A Lopigna, en hiver deux loisirs: la sieste et la battue aux sangliers.

Cette dernière et délicate occupation vaut à Lopigna, un village qui n'a pourtant pas besoin de ça pour révéler tout son potentiel esthétique (ou "inthestique" comme le disent certains érudits lopignais), d'être agrémenté par de très belles peaux de sangliers qui ornent les moindres murets ou clôtures. Le moment du dépeçage de la bête est l'occasion de perpétuer cette belle tradition qui est le crachat sur la vésicule. On ne sait pas trop pourquoi, mais on se doit de cracher sur la vésicule encore fumante du sanglier. Si vous posez la question à un chasseur lopignais, comme l'a fait ce journaliste de la chaine Seasons qui avait choisi Lopigna comme lieu de tournage (il s'était perdu ?), il vous répondra: "C'est comme ça."

Qui dit battue, dit chiens. A Lopigna (comme partout en Corse), les chiens sont sacrés, on n'y touche pas. Le vrai chasseur vous dira "çui-là qui touche au chien, y touche à moi." Qu'on se le tienne pour dit.

L'été, c'est le temps de la sieste et la baignade. Au village, quand on ne chasse pas, on se baigne et on refait le monde au bord de l'eau. Lopigna jouit de superbes coins de rivière figurant même dans le guide du routard. Et ça c'est embêtant. Parce que s'il y a bien une chose que le Lopignais déteste par dessus tout, c'est qu'on vienne troubler sa tranquillité. C'est vrai, quoi. Si le lopignais aimait la foule, il serait originaire de Lumio.

Si un corse dit à un lopignais que son village est beau, c'est qu'il est de Ponte-Leccia ou de Casamozza.

Que dire de plus sur ce village à part qu'on y fait une délicieuse charcuterie (celle de Gérard Taddei et Stéphane Leca), un délicieux fromage de chèvre au parfum vigoureux (celui de Jeannot Pieri) et que les merles moqueurs y sont succulents.

Mais Lopigna, c'est plus que tout cela. "C'est un de ces endroits privilégiés de Corse qui ont un caractère, une forte personnalité, que ni le temps ni les hommes n'arrivent à entamer."

C'est un des plus beaux villages du monde.

Mais pourquoi avoir ajouté cela, me demanderez-vous. Parce que les lopignais, "que l'on décrit comme individualistes — alliant l'exubérance à la maîtrise de soi — nonchalants, hospitaliers, loyaux, fidèles en amitié, attachés à leur village natal, éloquents et courageux, sont, eux aussi, plus que tout cela.

 Ils sont susceptibles…"

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