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18/07/2017

Métaphysique du héron

Voilà, les nouvelles publiées ici, et d'autres, ont été réunies sous la forme d'un recueil qui peut être commandé sur le site dont le lien va suivre:  https://www.amazon.fr/dp/B073ZGSM3F/ref=sr_1_1?ie=UTF8&am...

C'est une petite édition, dans le sens où le tirage n'est pas très important, mais c'est un projet qui me tenait à cœur et qui a vu le jour grâce à un éditeur que je remercie de nouveau ici, Jean-Pierre Santini.

La couverture est de Denis Ettori, la préface et la quatrième de couverture de Laurent Cachard. Merci à eux pour leur aide.

Avis aux amateurs ! :-)

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26/03/2015

22èmes rencontres de la BD Bastia

 Comme vous le savez sans doute, les 28 et 29 mars prochains, à Santu Pietru di Cinarca, l'association des Tripiers de la Sainte Croix organise une grande Tumbera sous chapiteau. Un loto sera également organisé au profit des éleveurs nécessiteux Et enfin, pour clore cette belle manifestation, qui je l'espère, attirera une foule nombreuse, une grande foire aux célibataires se déroulera au lieu dit Campu Musgianu avec à l'animation DJ Antoine Mantoine. 

Sinon, pour ceux qui préfèrent les petits Mickey, au même moment, du 26 au 29 mars prochain, (on peut d'ailleurs regretter que l'association Una Volta n'ait pas consulté celle des Tripiers de la Sainte Croix sur le choix des dates), se tiendront à Bastia les 22èmes rencontres de la BD et de l'illustration. Là, nous pourrons assister à une exposition monographique de grande qualité sur le cochon dans tous ses états, ainsi qu'à des ateliers sur la préparation des tripes à la Lopignaise. Ah, mais je crois que je mélange mes fiches.

Pour ceux qui ont toujours rêvé de connaître la Lybie de Khadafi et la Syrie de Hafez El Hassad à l'aube des années 80, ou de rencontrer un génie des mathématiques capable de résoudre sans même ôter une de ses célèbres broches en forme d'araignée, une fonction du type f(x)=2x + 3, Bastia sera LE lieu où il faudra se trouver. Riad Sattouf, également connu comme cinéaste pour Les Beaux gosses, ou Cédric Villani, médaille Fields 2010, pour ne citer qu'eux, sont annoncés. Ainsi, ceux qui à l'inverse d'Alain Finkielkraut considèrent la BD comme une art majeur pourront assister à des expositions variées, et rencontrer des invités prestigieux, dans un écrin enchanteur, comme en témoigne l'affiche de cette année signée Benjamin Flao, que je vous laisse admirer.

Pour toutes ces raisons, rien, non, rien ne nous empêchera de nous rendre aux 22èmes rencontres de la BD et de l'illustration à Bastia du 26 au 29 mars prochain. Pas même la Tumbera de Santu Pietru di Cinarca, ni même de la neige au col de Vizzavona.

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05/06/2014

Tatouage à tout âge !

Émoi ! Mon petit dernier âgé de 2 ans et demi nous a fait part de son désir de se faire tatouer un Tchoupi sur l'épaule et une Peppa Pig sur le mollet, sacrifiant ainsi à la mode des corps tatoués, imprimés, sérigraphiés.

L'été est presque là, les corps se dénudent et s'exposent. La graisse et les tatouages sont de sortie.

En fonction de ces derniers, on peut s'amuser à présumer de l'âge et de l'origine des personnes qui les exhibent fièrement. Par exemple un dauphin ne peut avoir été tatoué que dans les années 80 (période Grand Bleu)et son propriétaire est au moins quadragénaire.
Un 13 surmontant un "I love OM", appartient indubitablement à un supporter de l'Olympique marseillais. A ce propos, on remarque une recrudescence des "Ti tengu caru Frédéric Hantz" sur les mollets des supporters du SCB, tandis que ceux de l'ACA arborent un déjà obsolète "Ti tengu caru Memo OChoa". Quant au nighteur de l'extrême sud de la Corse, ce que l'on retrouve le plus fréquemment dans l'échancrure de son torse épilé ou de sa poitrine refaite est, au choix, le désormais classique "Ti tengu caru David Guetta" ou le très en vogue "Gloria à tè Bob Sinclar".

De l'originalité au ridicule, il n'y a bien souvent qu'un pas. Et aujourd'hui, le vrai original n'est-il pas celui qui n'a aucun tatouage ?

"L'amour passe, le tatouage reste" a dit Jean-François Coppé, regrettant d'avoir fait graver "Love Bygmalion" sur son avant-bras. Un corps jeune et ferme ne le reste pas longtemps, oserais-je ajouter. Donc en fonction de l'endroit du corps où il a été fait, un petit dauphin peut facilement évoluer en cachalot défraichi.

 Amis tatoués, ne soyez pas susceptibles. Il existe encore de vrais rebelles, de vrais rockeurs, de vrais marins, de vrais motards, de vrais maoris, de vrais repris de justice, pour qui le tatouage a un véritable sens et n'est pas qu'un apparat un peu vain et surfait. Même s'ils se font rares.

 Pour en revenir au désir de tatouage de mon petit dernier, son papa et moi avons dû refuser, il n'est pas encore assez musclé pour cela, mais s'il s'entraîne régulièrement et s'il prend bien ses anabolisants, d'ici l'année prochaine, nous en reparlerons.

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28/05/2014

Une grand-mère

Tout au long de sa vie, Annonciade avait inlassablement travaillé la terre. Alors qu'elle n'était encore qu'une enfant, elle avait dû quitter l'école pour cause de mobilisation. En 14, son père avait été appelé pour servir de chair à canon. Faute de bras pour aider aux champs, la mère d'Annonciade, au désespoir, avait dû se résoudre à lui ôter toute possibilité de s'instruire. Elle avait 7 ans.

Très jeune, elle comprit l'importance de la terre nourricière, son salut, sa survie viendraient de là. Avec opiniâtreté, elle se mit donc à labourer, semer, sarcler, biner, autant que ses jeunes forces le lui permettaient. Elle écoutait, silencieuse, les conseils que lui prodiguaient les anciens. Le soir, avec sa sœur, il fallait encore aider sa mère à s'occuper des plus jeunes. Les journées n'étaient jamais finies.

Annonciade n'était pas belle. Et puis, faute d'instruction, elle n'osait pas parler. Si d'aventure un garçon lui adressait la parole, elle rougissait et ne disait mot. On finit par penser qu'elle était sotte. Sa mère disait qu'on aurait du mal à lui trouver un mari.

Celui-ci se présenta sous les traits de Paul, un lointain cousin. Il ne possédait presque rien, Annonciade, non plus, hormis son courage et son abnégation, leurs parents arrangèrent donc le mariage espérant que l'union des "presque" finirait par donner quelque-chose. 

Très vite, les jeunes époux réalisèrent à quel point tout les séparait. Il était bavard, elle était taiseuse, il aimait le bruit, la foule, elle chérissait le silence et la solitude des grands espaces.

N’ôtant jamais une blouse noire et des espadrilles, elle contrastait avec Paul qui lui, ne quittait jamais son costume clair et son chapeau de paille.

Annonciade avait compris qu'elle ne pourrait pas attendre de Paul qu'il subvienne aux besoins de sa famille, qui rapidement devint nombreuse. En seulement 6 ans, Annonciade engendra 5 enfants. Paul ne s'y intéressa pas.

Tandis que deux de ses sœurs, encore célibataires, s'occupaient de la progéniture et que Paul jouait aux cartes avec ses amis au café du village, s'affriolant à la vue du moindre jupon, Annonciade semait, binait, sarclait, du matin jusqu'au soir. Grâce à elle, sa famille aurait toujours de quoi se nourrir.

Annonciade s'éreintait aux champs et Paul sortait de plus en plus. L'été, il écumait tous les bals de la région avec quelques camarades de son tempérament. Ils finirent par ne plus se croiser qu'au petit matin, lui une bouteille sous le bras, rentrant se coucher, elle, une bêche à la main, commençant son labeur.

Puis la seconde guerre mondiale éclata. C'est le moment que choisit l'époux volage pour contracter une solide tuberculose, il ne fut donc pas mobilisé. Annonciade le soigna sans relâche. Il perdit un poumon mais il survécut ! Pour son épouse, il aurait mieux valut qu'il trépassât, car se considérant comme un survivant, ayant échappé à la guerre et à la maladie, plus rien n'arrêta sa frénésie de femmes et de beuveries.

Pour fuir la demeure familiale, il trouva le prétexte des cures thermales. Son unique poumon lui permit chaque année de se rendre à Saint-Honoré-les-Bains. Annonciade, lucide, savait bien que Paul profitait de ce moment pour assouvir ses instincts les plus vils. Mais elle s'en accommodait sans trop de mal, y gagnant un peu de tranquillité.

Devenue grand-mère, et réalisant que ses petits enfants en savaient plus qu'elle, elle se mit à la lecture et se prit de passion pour les Misérables. Elle lisait et relisait inlassablement le chef d’œuvre de Victor Hugo, se surprenant même à en réciter des passages pendant qu'elle binait les tomates. Paul la raillait pour cela. Fréquemment il disait à ses petits enfants: "Ne dérangez pas votre grand-mère, elle révise ses cours, cette année elle passe son bac". Elle n'en prenait pas ombrage. Adorant ses petits-enfants, et ces derniers le lui rendant bien, c'était presque un jeu entre eux.

Elle se prit d'affection pour un chat roux. Compagnon silencieux, il restait près d'elle durant ses longues heures de lecture et l'accompagnait souvent au jardin.

Paul tomba malade. Il dut renoncer à ses cures thermales. Un jour Annonciade surprit une conversation téléphonique durant laquelle il semblait dire au revoir à une vieille maitresse nommée Marthe. A moins que ce ne fut Berthe. Peu lui importait après tout.

Comme elle l'avait fait lorsqu'il était tuberculeux, Annonciade soigna vaillamment son vieil époux.

L'agonie de Paul fut brève.

Le jour des funérailles, les gens du village, en grand nombre, vinrent se recueillir une dernière fois devant sa dépouille. "Un joyeux drille ! " Un bon vivant" entendait-on de tous côtés. "On le regrettera !"

Annonciade, silencieuse, était perdue dans la contemplation de son chat roux dans les tomates.

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24/05/2014

Ils arrivent !

En Corse, la fin de la quiétude est proche. Avec l'arrivée des beaux jours, les premiers cars de touristes ont fait leur apparition sur les routes sinueuses de notre belle île, aggravant une circulation déjà difficile.

Les premiers arrivés ont pour la plupart des cheveux blancs. Partout, on peut admirer cette faune exotique, mèches clairsemées au vent, levant un nez déjà rougi vers la statue de notre empereur. Toujours en groupe, ils ne sont que l'avant-garde de ceux qui leur succéderont d'ici peu: les familles avec des enfants.

Ce qui caractérise le touriste du 3ème âge, celui appartenant au sexe masculin plus précisément, hormis son inimitable façon de porter le marcel, ce sont ses ennuis de prostate. Les arrêts du car le transportant sont donc fréquents. Gare aux freinages d'urgence! Mais pour ce visiteur émerveillé par la splendeur environnante, même dans cette situation, le dépaysement est total, car pour une fois, il n'urinera pas sur une aire d'autoroute. Et qu'y a-t-il de plus beau que de pouvoir soulager sa vessie face à un coucher de soleil sur les Calanques de Piana ? Enfin, encore faut-il avoir été opéré de la cataracte pour jouir pleinement du paysage.

Je pourrais décrire avec force détails leur allure, leur accoutrement, leur accent, leurs manières, mais il est tellement facile de sombrer dans la caricature. Et puis nous aussi, dans un futur plus ou moins proche, nous pourrions nous retrouver dans un car climatisé sur les routes de France, de Navarre ou de Silésie orientale, et le jour où nous serons obligés de satisfaire un besoin pressant sur les bords de la Vistule, on fera moins les malins.

En attendant de jouer les touristes à notre tour, celui du 3ème âge supportant mal le soleil de Corse, il est encore temps de profiter de nos plages et de nos rivières en toute tranquillité car d'ici peu, il sera trop tard.

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